À l’occasion du renforcement de la réglementation sur la Qualité de l’Air dans les ERP (Etablissement Recevant du Public) entrée en vigueur au 1er janvier 2023, l’équipe Evertree est allée à la rencontre du spécialiste de la qualité de l’air Nicolas Blondet, l’auteur de l’ouvrage « La qualité de l’air pour les Nuls » qui anime depuis maintenant 5 ans le podcast « Element’Air… Mon Cher Nico » sur www.Radio-immo.fr .

Bonjour Nicolas, vous êtes aujourd’hui un spécialiste reconnu de la QAI. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a amené à vous engager sur ce sujet ?

 
Je m’occupe de la qualité de l’air depuis plus de 20 ans. D’abord pour des raisons personnelles : ancien pompier, je me suis abîmé les poumons en intervention. Ensuite ma trajectoire professionnelle m’a amené à travailler dans les métiers de la ventilation et des systèmes de traitement de l’air. J’ai aussi contribué il y a 5 ans au déploiement du 1er label sur la qualité de l’air intérieur pour les logements neufs en France. Aujourd’hui, ce qui me tient à cœur c’est de rendre ce sujet de l’air, par définition invisible, visible et accessible au plus grand nombre. Et d’en parler de manière positive et simple, et non pas simpliste…

 

Pourriez-vous nous faire un état des lieux de la Qualité de l’air intérieur aujourd’hui en France ?

 
On sait que l’air intérieur est 8 fois plus pollué que l’air extérieur. Et on peut dire que 100% des foyers français ont un air pollué, mais pollué ne veut pas forcément toujours dire dangereux. Dans la majorité des cas, le seuil de pollution est tolérable et ne dépasse pas les valeurs guide. Le taux de CO2 dans l’air (celui que nous rejetons en expirant) est un marqueur de confinement : s’il est élevé, cela indique que l’air ne circule pas. Or dans un air confiné, les sources de pollution s’accumulent. Elles peuvent être liées à l’activité humaine : les COV émanent des cuissons, du nettoyage, de bougies allumées ou d’huiles essentielles diffusées, les cigarettes et vapoteuses… Autre source insidieuse : les emballages et cartons de tous nos achats via internet, nous transformons bien trop souvent nos habitats en succursales de stockage de produits. Enfin les matériaux du bâti ou tout simplement les meubles relarguent aussi du formaldéhyde. Et comme les bâtiments sont de plus en plus étanches pour l’isolation thermique, il faut veiller à ventiler, filtrer, aérer et en dernier recours si vraiment c’est nécessaire, purifier l’air. On ne fera jamais mieux que l’air neuf qui vient de l’extérieur !

 

Pourquoi la réglementation évolue aujourd’hui en matière de QAI en France ?

 

Aujourd’hui, les organismes de santé, à commencer par le Haut Conseil de Santé Publique, sont davantage écoutés par nos institutions sur les risques de santé associés à la QAI. Le COVID a constitué un déclencheur puisqu’il a permis à tous de prendre conscience que l’air pouvait être vecteur de virus. Porteur de virus, mais aussi de polluants, et c’est pourquoi la vigilance se renforce sur ce sujet. D’autant que la France n’est pas en avance : des pays comme la Belgique, l’Allemagne ou encore les pays Nordiques sont plus dynamiques en la matière. En France, par exemple, seulement 15% des écoles disposent d’une ventilation mécanique, qui est la plus efficace pour ce renouvellement et divers systèmes existent dont la ventilation par insufflation qui est vraiment pertinente (avec mesure permanente du CO2 entre autres) et en sobriété énergétique pour améliorer l’air dans nos logements, lieux de vie, crèches, bureaux, écoles…

 
 

Alors justement, parlons des écoles. Pouvez-vous nous détailler les mesures en matière de QAI devenues obligatoires à compter du 1er janvier 2023 dans les ERP (crèches, écoles primaires, collèges et lycées) ?

 
Effectivement, à l’initiative des Ministères de la Santé et de la Transition écologique, deux nouveaux décrets sont applicables à compter du 1er janvier 2023 dans ces établissements qui reçoivent un public sensible. Le 4ème plan National Santé et Environnement se voit renforcé par un dispositif qui accroît la fréquence des contrôles requis – auparavant seulement tous les 7 ans.
 
Le nouveau dispositif repose sur une évaluation annuelle des moyens d’aération des bâtiments. Il demande également la réalisation d’un auto-diagnostic régulier de la QAI – a minima tous les 4 ans – permettant un focus sur les sources d’émissions de substances polluantes, notamment via les matériaux et l’équipement du site.
 
Une campagne de mesure des polluants réglementaires (formaldéhyde, benzène, CO2) sera par ailleurs réalisé par un organisme accrédité à chaque étape clef de la vie du bâtiment.
Enfin, un plan d’actions doit être réalisé au plus tard dans les 4 ans suivant l’entrée en vigueur du décret, puis régulièrement actualisé pour mettre en place des actions correctives de la QAI.
 
Les valeurs guide en matière ont également été reconsidérées : elles baissent de 30 à 10 microgrammes par m3 pour le formaldéhyde et de 5 à 2 microgrammes par m3 pour le benzène. Ce qui me paraît pas mal pour une 1ère étape.

 
 

Quel type d’actions les écoles peuvent-elles mettre en place pour améliorer leur QAI ?

 

Elles peuvent être attentives au choix des mobiliers, des matériaux qui les composent, mais aussi des matériels qu’elles utilisent (craies, stylos, feutres, marqueurs…). Idem pour les produits d’entretien et les bonnes pratiques en matière de nettoyage : bien ventiler (et choisir des systèmes pertinents et efficaces pour la QAI), aérer, nettoyer les salles de classe le soir plutôt que le matin avant l’arrivée des élèves. Les responsables achat mais aussi les services techniques ou d’exploitation devraient savoir décrypter les fiches FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) de chaque produit pour que les choses avancent dans le bon sens.

digital.green

Ce site web a été conçu pour réduire son impact sur l’environnement.

digital.green